Comment organiser une zone piétonne ?

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24/4/2024
Sécurité

L’implantation d’une zone piétonne est un projet à long terme dans laquelle l’organisation joue un rôle déterminant pour la réussite. Des métriques précises permettent d’évaluer les futurs besoins des utilisateurs et les résultats écologiques et économiques de la piétonnisation. Des équipements spéciaux garantissent la sécurité et le confort des utilisateurs.

Les métriques d’évaluation d’une zone piétonne

On définit généralement 6 métriques principales :

  1. La densité de population consiste à évaluer le nombre de résidents dans la zone piétonne pour comprendre l’affluence et les besoins en circulation piétonne et automobile interne.
  2. Le flux de circulation permet d’analyser la fréquence et la nature du mouvement piéton, en tenant compte des heures de pointe et des endroits les plus fréquentés (commerces, bureaux, loisirs, etc.).   
  3. La Sécurité routière doit examiner les statistiques d’accidents, la présence de passages pour piétons, et la conformité aux normes de sécurité pour assurer un environnement sûr. Il s’agit ici du contrôle d’accès et de la sécurité périmétrique de la zone piétonne.
  4. L’accessibilité. Cette mesure est faite pour évaluer la facilité d’accès pour les personnes à mobilité réduite, la connectivité avec les transports publics, les parkings équipés, les bornes d’arrêt minute avec la proximité des services essentiels.
  5. Les retours utilisateurs. Du projet à sa réalisation, puis régulièrement, cette étude sert à recueillir les commentaires des résidents, des commerçants et des utilisateurs de la zone piétonne pour comprendre leurs expériences et leurs besoins pour produire les adaptations nécessaires.
  6. La durabilité. Mesurer l’impact environnemental positif, comme la réduction de la pollution, la création d’espaces verts, et l’utilisation d’infrastructures durables sont un des objectifs de la zone piétonne, surtout lorsque cette aire est à l’intérieur d’une ZFE.

Les comptages se font sur le nombre de foyers, de commerces, des taux d’occupations des parkings, du trafic automobile par rue, place, carrefour, du trafic des vélos sur les pistes cyclables et enfin sur les flux piétons.

Consultation et concertation du projet piéton

La consultation de l’ensemble de la population est essentielle pour définir les objectifs du projet. Suivant la nature du centre-ville et l’urbanisation générale de la zone, les demandes et les réticences envers une piétonnisation sont très variables. La demande peut venir des commerçants ou au contraire des riverains, et vice versa.

Les tests de piétonnisation

La piétonnisation apparaît à travers des festivités le temps d’un week-end ou de jours fériés qui servent de tests ponctuels. C’est un moyen pratique pour s’assurer de la viabilité globale du projet et des adaptations à y apporter. Ces tests grandeur nature permettent de jauger l’affluence des véhicules. Ce qui donne des chiffres sur la capacité requise des parkings à construire et sur les flux piétons afin de prévoir la largeur des accès sur l’ensemble des déplacements.

D’autre part, les journées piétonnes sensibilisent la population sur l’adoption de comportements et de modes de déplacement respectueux de l’environnement, encourageant le recours à des alternatives telles que les transports en commun, le covoiturage ou le vélo. Ces tests de piétonnisation sont donc des passages essentiels du projet.

Organiser l’équipement de la zone piétonne

Un mobilier urbain spécifique protège les flux du trafic piéton et cycliste autour et à l’intérieur de la zone piétonne, et en contrôle les accès.

La sécurité périmétrique d’une zone piétonne

Les accès sont garantis par des bornes de sécurité, des bornes de protection ou des bornes anti bélier suivant l’exposition aux chocs de l’aire qu’elles protègent.

Des bornes de sécurités périmétriques fixes interdisent les accès accidentels ou volontaires de véhicules sur les zones ouvertes telles que les places, les esplanades, les champs de foire, les avenues aux trottoirs larges, les parcs et jardins. Des barrières de ville chaînées ou non peuvent également servir à la protection périmétrique d’une zone piétonne.

Contrôle d’accès d’une zone piétonne
Contrôle d’accès d’une zone piétonne - Wikimedia

Le contrôle d’accès de la zone piétonne

Un contrôle d’accès à la zone piétonne se fait sur les axes entrants par des totems d’accès qui commandent des bornes escamotables automatiques implantées sur la voirie. Ces totems d’accès embarquent diverses technologies : audiophonie, vidéophonie, badges, caméra LAPI (lecture de plaque d’immatriculation), smartphones, etc.

Des totems d’accès tel que le CITILIUM permettent de contrôler jusqu’à 3 bornes escamotables automatiques pour les rues les plus larges.

La hiérarchisation des accès est organisée par un service de la Mairie ou directement par la Police municipale qui délivre les autorisations suivant les usagers (autorisations permanentes ou temporaires). On trouvera donc :

  • Les riverains ;
  • les commerçants (souvent nombreux dans les zones piétonnières) ;
  • les livreurs (des commerces et des résidents) ;
  • les agents des services publics et privés (La Poste, Engie, EDF, maintenance fibre…) ;
  • les agents des services techniques de la ville ;
  • les services de secours ;
  • les services de police ;
  • les transports en commun (bus et tram).

Sécurité et confort de la zone piétonne

Ces deux paramètres liés l’un à l’autre conduisent l’organisation générale d’un projet piéton. Le premier confort d’une zone piétonne naît du sentiment de sécurité qui provient essentiellement de :

  • La réglementation d’accès (pas ou très peu de voitures roulant au pas) ;
  • Aucun deux-roues à moteur non autorisé ;
  • Une limitation de vitesse pour les vélos et trottinettes ;
  • La surveillance policière physique et la téléprotection.

Des aménagements spécifiques tels que des rues sans trottoir, des bacs à fleurs et de la végétalisation apportent un surplus de protection et donc de sécurité pour le piéton qui se sent chez lui.

Le confort d’une zone piétonne doit d’abord se porter sur les piétons les plus fragiles comme les personnes âgées ou les personnes à mobilité réduite (PMR). Bancs et toilettes sont les premiers aménagements demandés par les personnes âgées. Facilité d’accès et revêtement roulable des sols sont les aménagements qui favorisent le déplacement des personnes à mobilités réduite.

L’éclairage et la téléprotection favorisent l’inclusivité des piétons. Les femmes ne se sentent pas obligatoirement en sécurité dans une zone piétonne lorsqu’elles se déplacent seules.

Des œuvres artistiques, une végétalisation, des zones conviviales, des manifestations festives contribuent au confort de la piétonnisation et dynamisent la vie économique. C’est un élément prépondérant des centres-villes historiques. Un critère essentiel de confort est à prendre en compte dès la conception. Il concerne la propreté urbaine. Les périodes de fortes affluences entraînent des accumulations de déchets dans les poubelles et dans les zones de pause. Des équipes de nettoyage garantissent une expérience agréable pour le public qui sera plus enclin à consommer dans un espace propre.

Zone conviviale du plateau piéton de Metz
Zone conviviale du plateau piéton de Metz - Wikimedia

Organiser la périphérie de la zone piétonne

Une zone piétonne amène généralement un remodelage du plan de circulation de la ville. La piétonnisation engendre un contournement du secteur piéton tout en obligeant à la desserte de parkings construits au plus près de cette zone.

Parkings, BAM et bornes de recharge

Borne de stationnement PMR
Borne de stationnement PMR

Les premières évaluations de l’organisation d’une zone piétonne concernent le stationnement. En effet, comme le nombre de places de parking en voirie sera réduit, il faut en premier lieu proposer un nombre de stationnements suffisant en périphérie. Des parkings de longues durées sont généralement dédiés à des tarifs privilégiés aux riverains.

Des bornes d’arrêt minute (BAM) facilitent le stationnement court à proximité des zones commerçantes. Ces places de parking qui enregistrent la présence d’un véhicule garé et déclenche un décompte, offrent généralement un stationnement gratuit de 20 à 30 minutes ce qui permet de faire des courses rapides. Dans une politique écologique, des bornes de recharge couplées à des BAM (borne Citicharge) œuvrent pour une mobilité douce.

Zone de rencontre, zone 30 et zone de circulation apaisée

Zone de rencontre entrée
Zone de rencontre entrée

Le flux piéton en dehors de la zone réservée demande d’organiser les zones de rencontre dans lesquelles piétons, vélos et véhicules motorisés se rencontrent. Ce sont des zones soumises à une réglementation spécifique (20 km/h, priorité aux piétons, pistes cyclables à double sens).

Des collectivités locales optent pour une réduction de la vitesse autorisée à 30 km/h (Zone 30), soit par souci d’apaisement et de convivialité, soit par obligation. La loi « Climat et Résilience » oblige toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants à passer en ZFE, le 31 décembre 2024, au plus tard.

En conclusion, l’organisation d’une zone piétonne ouvre différents fronts de travail qui s’étalent de l’urbanisme à l’économie en passant par l’inclusivité. L’implantation d’une zone piétonne demande donc d’une part des équipements physiques et d’autre part, un dialogue continu avec les parties prenantes.

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Image à la UNE : zone piétonne - Pixabay

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